Article du 27 Août 2005 dans AFP/Le matin :
Un caftan brodé d’une résille de boutons de mercerie, une djellaba en cachemire épousant le corps… Zhor Raïs, qui a défilé hier en marge de la haute couture à Paris, veut montrer comment les vêtements traditionnels marocains peuvent s’adapter à la modernité. « Le caftan veut sa place dans la garde-robe de la femme occidentale au milieu des tailleurs et manteaux », revendique Zhor Raïs, originaire de Casablanca où elle a créé en 1984 la maison « couture Zhor Raïs » qui emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes et à l’extérieur un bataillon de petites mains.
Les stylistes européens s’imprègnent de l’Orient pour réaliser leurs modèles, pourquoi le caftan marocain serait-il exclu de la haute couture internationale, s’interroge cette styliste qui fait appel pour ses tissus aux plus grands fabricants européens comme le Suisse Jakob Schlaepfer, fournisseur de la haute couture parisienne. Depuis le début, la styliste s’est attachée à travailler uniquement autour des vêtements traditionnels marocains (caftan, djellaba, gandoura, sarouel..) réputés pour leur confort. Pas question pour elle de présenter à Paris des robes entre Orient et Occident comme le font d’autres créateurs, venus notamment du Liban.
Le caftan selon Zhor Rais peut garder son identité tout en étant modernisé car « c’est un vêtement authentique, très ancien, porté au départ par les hommes et depuis le 18e siècle par les femmes », a t-elle expliqué à l’AFP à la veille de son défilé.
Si elle réalise aussi des pièces somptueuses plus traditionnelles pour les fêtes familiales ou religieuses, Zhor Raïs cherche sans cesse de nouvelles idées pour renouveler un genre « redevenu à la mode il y a une dizaine d’années au Maroc ». « J’aime même fait un caftan en jean ! », raconte-t-elle.
Pour cela, elle a trouvé des alliés de taille parmi les artisans de son pays. Il y a ces femmes par exemple qui travaillent à domicile et réalisent les petits boutons (akkads) ornant burnous et caftans, celles qui font à l’aiguille ces plastrons ajourés ultra-fins ornant les tuniques de mousseline, celles qui fabriquent uniquement des pompons ou les galons etc.
Le caftan marocain inspire les grands couturiers …
Dans différents tissus, sous plusieurs couleurs et cousus sous forme de multiples modèles, les stylistes font preuve d’une imagination débordante qui remplit de bonheur chaque femme.
Le caftan marocain, connaît de nos jours, un succès grisant au point que cette réussite a suscité le vif intérêt de la communauté internationale et de tous les grands couturiers étrangers. D’Yves Saint Laurent à Jean-Paul Gautier, ces derniers n’hésitent pas à venir applaudir les défilés marocains et à vanter les coutures brodées à la main et la noblesse que dégage cet habit qui n’a pas perdu son élégance depuis des siècles.
Porté à la manière traditionnelle ou encore avec une pointe d’audace, les femmes s’accordent à dire qu’elles se sentent belles, attirantes et tout à fait féminines dans cet apparat. Au point, que lors de certaines cérémonies fastes, nous remarquons des actrices égyptiennes, syriennes, françaises…habillées à la marocaine avec une grâce étourdissante et un raffinement éblouissant.
Devenu un véritable vêtement apprécié à sa juste valeur, nous ne pouvons que nous sentir fières du travail accompli par des milliers d’artisans et par les femmes qui se sont battues pour lui offrir une place dans le milieu de la haute couture.
Cependant, nous relevons que quelques stylistes profitent de l’enthousiasme général pour fixer des prix parfois, mirobolants. Des coûts si élevés que l’habit traditionnel n’est plus à la portée des femmes marocaines à moins de s’endetter ou de se contenter d’une pauvre imitation copiée sur l’une des revues, exhibant les dernières créations en date.
Face à cette attitude, il convient de dire que le caftan est un patrimoine qui appartient à toutes les Marocaines. Il fait partie de notre héritage. Si nous désirons qu’il traverse les frontières, il n’y a aucun mal à cela. Bien au contraire, il s’agit là d’une avancée considérable mais ne perdons pas de vue que la cible principale demeure la femme marocaine dont les moyens financiers ne répondent pas toujours à ces prix faramineux.
Que les couturiers cessent ce marchandage et cette estimation incohérente des prix. Les femmes marocaines, de différentes couches sociales désirent un excellent travail qui soit à leur portée sans tomber dans l’extravagance et l’illogisme. Quant à celles qui disposent des moyens suffisants, elles sont libres de participer à la course aux enchères !
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